Spéculer sur l'art

Spéculer sur l'art

Un spéculateur d'art est une personne qui achète des œuvres d'art qu'il estime bien plus précieuses que le prix demandé, ou que le prix qu'elles devraient atteindre aux enchères.

Le spéculateur d'art d'aujourd'hui est l'héritier d'une figure autrefois appelée le recycleur. À l'époque, ces chasseurs de trésors parcouraient inlassablement des centaines de lieux, des magasins d'antiquités aux ventes de bienfaisance, en passant par les centres commerciaux et les salles des ventes. Cette méthode était inefficace, et reposait en grande partie sur des intuitions et des suppositions hasardeuses. Beaucoup de ces vétérans finissaient par mourir pauvres, après des décennies passées à conduire des camionnettes usées, espérant tomber sur une trouvaille.

Le spéculateur d'art moderne, lui, cherche la qualité méconnue :

• Œuvres cataloguées comme d'artiste inconnu ;
• Erreurs de datation des œuvres anonymes ;
• Copies originales répertoriées comme reproductions ;
• Œuvres attribuées à des suiveurs ou assistants, mais qui pourraient être des originaux ;
• Versions originales considérées comme des copies ;
• Fausse attribution ou erreur d'identification ;
• Aquarelles ou dessins listés comme impressions ;
• Erreurs de prix — un zéro manquant, une mauvaise conversion de devise ;
• Dimensions incorrectes — des pouces listés comme centimètres, des mètres listés comme pieds ;
• Indices passés inaperçus ou descriptions trompeuses.

Le terrain de jeu du spéculateur d'art est un univers d'erreurs, de malentendus et d'investigations bâclées.

Un bon spéculateur passe des heures à vérifier des informations, croisant les données, fouillant dans les archives. En cours de route, il découvre des erreurs lucratives, mais aussi des informations que personne d'autre n'a pris le temps de chercher.

La majorité des acheteurs se contentent de suivre aveuglément les descriptions des catalogues. Or, ces descriptions ne sont fiables que si le catalogueur est compétent et a eu le temps d'approfondir ses recherches. Les langues étrangères ont-elles été consultées ? Les archives spécifiques ont-elles été explorées ? Le spéculateur fait son propre travail de catalogage avant d'acheter.

Cela peut sembler douteux ou marginal, mais il est essentiel de considérer l'ampleur du marché de l'art : 20 millions de peintures sont vendues chaque année. Même si des erreurs ne se produisent que 1 % du temps, cela représente 200 000 erreurs.

En supposant que la moitié des erreurs gonflent le prix des œuvres et que l'autre moitié les sous-évalue, cela laisse 100 000 opportunités lucratives. Soit 275 opportunités par jour.

C'est pourquoi les spéculateurs d'art d'aujourd'hui vivent dans des appartements luxueux et conduisent des voitures haut de gamme.

Leur terrain de chasse privilégié reste les ventes aux enchères, car elles sont nombreuses, souvent petites, et ne disposent pas d'experts en interne. Mais même les grandes maisons de vente AAA commettent des erreurs, car elles gèrent des volumes énormes, laissant des opportunités à ceux qui savent chercher.

La configuration de travail typique d'un spéculateur d'art comprend :

• 64 Go de RAM,
• 5 ou 6 écrans haute résolution,
• Logiciels d'analyse d'images numériques,
• Abonnements à des bases de données spécialisées,
• Accès à une bibliothèque d'art importante.

La spéculation en art consiste à parier que votre jugement est plus exact que celui des autres. Mais il ne suffit pas d'avoir confiance en soi ; il faut aussi connaître son domaine sur le bout des doigts.

La première étape consiste à se spécialiser dans un domaine étroit et peu concurrentiel. En six mois, il est possible d'apprendre 80 % de ce qu'il faut savoir. Les 20 % restants demandent plus de temps et d'efforts, mais c'est là que réside le vrai profit.

Au fil du temps, avec l'expérience et la confiance, le spéculateur peut élargir ses compétences et ses domaines d'expertise, augmentant ainsi ses chances de trouver des erreurs rentables et de réaliser des bénéfices substantiels.